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Le marathon fait-il encore rêver ?

Le marathon fait-il encore rêver ?
Par Sylvain Bazin 12 avril 2017 54531 Vues Aucun commentaires

Longtemps, le marathon était considéré comme un travail d'Hercule. Un mythe auquel ne s'attaquaient que des coureurs très expérimentés ou des inconscients. Aujourd'hui, quarante ans après le "boum du jogging" et à l'heure où les courses les plus folles ont fleuries partout sur le calendrier, le marathon continue pourtant encore de faire rêver. Tentatives d'explication.

Un mythe qui perdure.

Si le marathon n'est plus l'épreuve "ultime" qu'il est longtemps demeuré, puisque la popularité de la discipline et la création de nombreuses courses plus longues l'ont quelque peu dévoyée de ce côté là, il reste néanmoins une course mythique

C'est sans doute son histoire, déjà ancienne comparée à d'autres épreuves athlétiques et très marquées par un grand nombre d'exploits mais aussi par des défaillances spectaculaires qui continue de lui donner cette place à part dans l'imaginaire collectif.

Une histoire qui rappelons le débute dès les premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne, lorsque Pierre de Coubertin décide finalement d'ajouter une dernière épreuve à son programme en cédant à l'idée de l'universitaire Henri Bréal, qui avait eu l'idée de cette course pour honorer la légende grecque du soldat de Marathon, mort d'épuisement après avoir annoncé la victoire d'Athènes lors de la bataille de Marathon, en ayant couru les quarante kilomètres qui séparent les deux villes.

La course de 1896 frappa les esprits, après la victoire du grec Spiridon Louÿs et son écho résonna si fort que d'autres marathon furent organisés, notamment à Boston et à Paris, les mois suivants.

Le mythe était né mais ce fut ensuite la célèbre défaillance de l'italien Dorando Pietri, lors de Jeux Olympiques de Londres en 1908, qui allait lui donner plus de lustre. En tête mais épuisé il fut soutenu jusqu'à la ligne d'arrivée avant d'être disqualifié. Cette cruelle désillusion et l'aspect tragique de cette arrivée frappa encore les imaginations.

Bientôt passé professionnel, Dorando batailla ensuite avec d'autres grands coureurs de l'époque, notamment aux États-Unis où la discipline remuait alors les foules et les paris.

Ensuite, ce furent surtout les courses olympiques, de Zatopek à Bikila en passant par Franck Shorter ou Joan Benoît, qui battirent encore la légende.

Les défaillances restées célèbres de l'anglais Jim Peters aux jeux du Commonwealth en 1954, ou du Belge Étienne Gailly à Londres en 1948, ou plus récemment de la suisses Gaby Anders Schliessen lors du premier maratho n féminin olympique en 1984, apportèrent aussi sans doute leur pierre à l'édifice.

Une distance à part.

Outre ce mythe olympique, le marathon reste un défi sportif à part. D'abord, ça reste vrai, parce que c'est un défi d'endurance peu commun. Même si les ultra fleurissent, le marathon reste pour de très nombreux sportifs un beau challenge.

Longtemps réservé à une élite, les trente dernières années l'ont rendu accessible à presque tout un chacun au prix d'une bonne préparation. Un mythe accessible, quoi de mieux pour attirer et faire rêver ?

C'est aussi, outre les millions de marathoniens pour qui venir à bout des ces 42,195 kilomètres reste un exploit ou une belle satisfaction personnelle, une distance où réaliser une performance reste difficile. Il faut pour y parvenir une préparation très ciblée qui demande un investissement personnel important.

Préparer un marathon reste une aventure. Au moins huit semaines à s'y consacrer, au moins 60 jours à y penser au quotidien, à fignoler sa forme. Séances après séances, entraîner sa foulée à s'imprimer de ce rythme à part, "l'allure marathon". À préparer son esprit aussi à un effort total, à la fois long et intense.

Cette alchimie du marathon, qui n'a pas d'équivalent sur les distances plus courtes ou plus longues, participe sans doute de la fascination bien particulière que les 42,195 kilomètres continue d'exercer sur les les coureurs de bon niveau.

Une distance qui "tombe mal" sur le plan physiologique, à mi-chemin entre la vitesse et l'endurance, qui constitue un challenge à part dans le paysage de la course à pied.

Défi d'aller au bout afin de devenir "finisher" pour les uns, rêve de chrono et préparation ciblée pour les autres, l'expérience marathonienne reste un moment fort à vivre dans une vie de sportif, dans une vie tout court.

Un fantastique vecteur touristique.

Enfin, si le marathon fait encore rêver, c'est par son universalité qui fait que l'on peut penser se tester sur 42,195 kilomètres partout dans le monde où presque.

Depuis longtemps, les marathons sont devenus d'excellents prétextes pour voyager, pour découvrir une ville ou une région sous un jour exceptionnel, en participant à un évènement qui toujours, suscite l'enthousiasme et l'engagement local.

Alors bien sûr, certaines destinations marathoniennes font plus rêver les pelotons que d'autres. New-York reste le must, Londres et Berlin font briller les yeux des performer, Paris ou Rome pour la beauté des cités... Et bien d'autres, des centaines, plus ou moins exotique et innatendues.

Moi même, qui ai pas mal bourlingué à travers le monde de trails en treks et d'ultra-marathons en beaux défis, le marathon continue de me fasciner. Je m'apprête d'ailleurs à redécouvrir cet effort, d'abord au bord de la Loire sur le premier marathon de la Loire, puis dans la verte Irlande pour le Connemarathon.

Des épreuves que j'ai hâte de découvrir comme tant d'autres sur la planète. Car pour le coup, lorsque l'on parle de sport universel, le Marathon fait encore courir le monde entier. Pour une diversité à l'image du monde : c'est toujours fondamentalement la même chose et c'est pourtant partout différent.